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Améliorer la fréquentation du jardin

Améliorer la fréquentation du jardin thérapeutique enrichi

Comment améliorer la fréquentation du jardin: Le jardin enrichi ne peut être thérapeutique que s’il est fréquenté régulièrement. Bien des jardins en EHPAD restent malheureusement vides. Nos efforts se sont concentrés pour favoriser une visite régulière du jardin. Plusieurs études ont clairement mis en évidence que la fréquentation du jardin était directement liée aux facilités d’accès.  On citera à ce titre la survey study (enquête) menée par J Cohen-Mansfield auprès de 320 EHPAD (nursing homes) aux Etats-Unis. Il apparaissait que le fait de ne pas laisser le jardin en libre accès pendant la journée, était un facteur d’aggravation des troubles du comportement (troubles anxieux, agitation, agressivité…). Il convient donc de:
  • limiter la présence de digicodes pour ouvrir les portes
  • préférer des portes coulissantes à ouverture automatique (lorsque les portes sont un peu lourdes les résidents éprouvent des difficultés à les ouvrir par eux mêmes)
  • éviter l’obstacle former par des seuils de porte. Parfois légers, ils suffisent à rendre difficile le passage des roues d’un fauteuil roulant ou d’un déambulateur.
  • ne pas exiger que le résident soit accompagné pour sortir
  • rendre le jardin visible et attrayant depuis l’intérieur
  • offrir dès que cela est possible un accès direct au jardin depuis les chambres des résidents

Mesurer et optimiser le rythme des visites du jardin thérapeutique enrichi

La fréquentation régulière d’un jardin en institution médico-sociale est associée à la notion d’invitation permanente que celui-ci exerce sur les résidents.

Nous avons mis en place des systèmes de mesure en lien avec les travaux du LEPS (Laboratoire d’Education et Pratiques en Santé) pour évaluer :

– le nombre de résidents en EHPAD fréquentant le jardin

– la fréquence par chaque résident au cours d’une semaine et sur un rythme trimestriel

– le temps moyen de séjour dans le jardin par chaque résident au cours d’une sortie

– l’impact des saisons sur la fréquentation du jardin

– l’importance de la distance d’accès au jardin sur sa fréquentation

– l’effet de l’architecture générale du jardin sur sa fréquentation (orientation, surface, disposition, ergonomie)

– l’appropriation du jardin thérapeutique enrichi par le résident

Nous poursuivons ces travaux de recherches. Ils nous ont donné des indications précieuses sur les bonnes pratiques à respecter lors de la conception et de la mise en oeuvre d’un jardin thérapeutique enrichi

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Jardins enrichis et troubles du comportement

Les troubles du comportement désignent des signes et symptômes inadaptés qui se traduisent différemment en fonction des populations concernées et des pathologies. Jardins enrichis et troubles du comportement: une opportunité et une offre une médiation thérapeutique

Les troubles du comportement sont des signes ou des symptômes psychologiques et comportementaux. Ils se traduisent par des attitudes inadaptées aux situations ou au contexte. Ils sont observés variablement sur différents types de population en fonction des pathologies.

Les troubles du comportement du sujet âgé

De nombreux travaux et guides de recommandations sur les troubles du comportement chez le sujet âgé et en particulier les personnes atteintes de maladies neuro-dégénératives font actuellement référence. On notera en particulier :

Les troubles du comportement se caractérisent principalement par deux formes de manifestation:

– forme négative ou déficitaire : le sujet se place en retrait – apathie, adynamie, anxiété voire dépression – également appelés troubles psychologiques

– forme positive ou productive : le sujet devient perturbateur pour son environnement – agitation, agressivité, idées délirantes, cris, déambulation – également appelés troubles psychotiques

Ces deux formes de troubles du comportement sont évaluées sur des échelles reconnues telles que le NPI (NeuroPsychiatric Inventory) ou Cohen-Mansfield (état d’agitation). Ils en mesurent/

  • la fréquence (d’une fois par semaine à tous les jours, voire tout le temps),
  • la gravité (de peu perturbant à très perturbant pour le patient)
  • et le retentissement sur les activités des soignants ( de pas du tout à très sévère).

Nos travaux sur l’enrichissement du jardin se sont portés en particulier sur la médiation de:

Les troubles anxieux

Au sein d’un EHPAD, on identifie fréquemment de nombreuses personnes sujettes à des troubles anxieux, caractérisés par:

  • un isolement,
  • une opposition aux soins,
  • des troubles de l’appétit,
  • une demande d’attention supplémentaire
  • aphasie
  • apraxie

En situation de crise l’anxiété évolue vers des séquences d’agitation, d’agressivité voire de pleurs et de cris.

jardins enrichis et troubles du comportement

Le jardin thérapeutique enrichi réduit la manifestation des troubles anxieux

Les troubles anxieux s’évaluent en fonction du nombre, de l’intensité et de la durée des symptômes. Ils se traduisent aussi par une souffrance émotionnelle ou un retentissement marqué sur la vie du résident, des soignants, mais aussi des autres résidents à proximité. Un des objectifs important associé à la prise en charges des troubles anxieux, consiste en l’amélioration du diagnostic des symptômes cliniques et de leur origine afin de proposer une réduction de la prescription de psychotropes.

Il convient dans un premier temps de poser un diagnostic précis sur les sujets anxieux , et d’organiser une prise en charge par le jardin dans la mesure où celui-ci a été enrichi en correspondance avec l’anxiété. Sachant que la comorbidité des troubles anxieux est généralement associée à un état dépressif, des détériorations cognitives et des affections somatiques – notamment pour les cas d’épisodes dépressifs majeurs (EDM).

Jardins enrichis et troubles du comportement: La plainte anxieuse

Compte tenu de l’enjeu pour la santé, la plainte anxieuse et les symptômes somatiques nécessitent bien souvent une prise en charge prioritaires par les soignants des personnes concernées. Cette prise en charge conduit à une mobilisation importante des soignants sur des séquences individuelles qui se fait au détriment des autres résidents pour des soins:

  • individuels
  • différés
  • négociés

Une adaptation du programme de soins de l’établissement en valorisant un jardin enrichi, peut donc présenter des retentissements multiples:

  • réduction des troubles anxieux et bien-être des résidents concernés
  • moins de perturbation pour les résidents à proximité et les soignants
  • davantage de disponibilité pour les soignants en faveur des résidents

Nous avons actuellement élaboré un profil type de l’enrichissement d’un jardin thérapeutique à l’attention des sujets anxieux et envisageons une série d’études afin d’en optimiser le protocole de fréquentation.

Jardins enrichis et troubles du comportement: L’agitation et l’agressivité

Le Pr J. Cohen-Mansfield a validé une échelle d’évaluation de l’agitation du sujet âgé qui permet d’évaluer un patient sur une durée déterminée pour apprécier la pertinence de la mise en place d’un traitement ou de mesures adaptées à ses troubles du comportement.

Il a été suggéré que les comportements inappropriés reflétaient une défaillance de l’environnement à satisfaire les attentes du patient. Cette suggestion trouve également  une résonance dans les études menées sur l’environnement appauvri. Et le jardin en cela peut constituer un espace de compensation à ces défaillances de l’environnement intérieur. Encore faut il que ce jardin dispose des aménagements requis.

En 2008, M Detweiler publie dans l’American Journal of Alzheimer’s Disease & Other Dementias les résultats d’une étude sur l’impact de la fréquentation d’un jardin sur les troubles du comportement. Il évalue sur l’index d’agitation de Cohen Mansfield, et les conclusions donnent un signal encourageant en faveur de la réduction de ces troubles. Préalablement, Cohen-Mansfield avait mené une enquête auprès  des directeurs de 320 établissements gériatriques aux Etats Unis.

Une enquête publiée dans Alzheimer Disease and Associated Disorders

Cette enquête publiée en 1999 dans le journal Alzheimer Disease and Associated Disorders, soulignait parmi les facteurs facilitant l’apparition des troubles d’agitation: la possibilité d’avoir ou non un accès libre au jardin. Bien souvent, les portes verrouillées pour des motifs de sécurité se révèlent être un facteur aggravant. Par ailleurs c’est une des rares enquêtes, qui s’est efforcée de recenser les aménagements présents dans le jardin.

Il n’y apparait pas la notion de jardin enrichi, et les observations se concentrent sur la dimension paysagère du jardin (arbres , massifs ornementaux, bassins…).

Les études cliniques préliminaires que nous avons conduites ont démontré l’intérêt d’un enrichissement spécifique du jardin. Ceci afin d’obtenir dans la durée une réduction significative de la fréquence et du retentissement de l’agitation et de l’agressivité. Nos efforts convergent vers la définition détaillée de chacun des éléments susceptibles de former efficacement un jardin thérapeutique capable de les prendre en charge et d’en réduire les manifestations.

jardins enrichis et troubles du comportement

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