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Jardin et bien-être en EHPAD

Y-a-t-il un lien entre présence d’un jardin et bien-être en EHPAD? La crise sanitaire actuelles et les débats de ces dernières années ont souligné les attentes sociétales relatives à la qualité de vie des personnes âgées. Les enjeux sont multiples et ils sont renforcés par le vieillissement de la génération silencieuse et des baby-boomer, les poly-pathologies et l’augmentation de la dépendance. La qualité des soins, la présence d’un personnel formé à la gériatrie en nombre suffisant, constituent assurément un élément important.

Des études scientifiques sur l’environnement et le bien-être

La contribution de l’environnement à cette qualité de vie a été déjà largement soulignée par les travaux de recherche conduits par de nombreux universitaires issus de la santé, de la santé environnementale, du design architectural.

Les éléments qui émergent de ces études soulignent l’importance que peut jouer l’environnement, qui parfois loin d’altérer les capacités des résidents, comme il le fait parfois, participe lorsqu’il est adapté à la préservation voire la restauration de ses facultés.

Il convient d’ajouter qu’il n’existe pas un modèle architectural idéal pour l’ensemble des syndromes gériatriques et que celui-ci dépend en partie des fragilités des personnes. La description de ces architectures idéales devra se soumettre également aux contraintes budgétaires et réglementaires de ces établissements, ce qui risque d’en retarder la mise en oeuvre effective.

D’autant que tous les facteurs de l’environnement bâti en lien avec la santé nécessitent d’être précisés par des recherches complémentaires.

Jardin et bien-être en EHPAD

Le jardin thérapeutique enrichi ne souffrant pas des mêmes contraintes peut constituer une solution pertinente non seulement par la plus grande facilité à le mettre en oeuvre, mais aussi par la démonstration qui a été faite de sa participation positive à la santé.

Mettre en oeuvre un jardin thérapeutique enrichi dans un EHPAD disposant d’un espace extérieur suffisant constitue une réponse incontournable en particulier pour les établissements où cet enjeu de bien-être fait l’objet d’une criticité et d’une urgence particulière.

Jardin et bien-être en ehpad

 

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Jardin thérapeutique enrichi: définition

Jardin thérapeutique enrichi: définition

Contexte

La transition démographique qui s’opère dans une grande majorité de pays à travers le monde porte l’urgence pour les différents états à définir des politiques de santé publique adaptées au vieillissement des populations : la population des plus de 65 ans passera de 1 milliard en 2020 à 2,1 milliards en 2050. Les enjeux sont énormes et ils se traduisent en moyens humains, parcours gérontologique, réponses thérapeutiques et moyens financiers.

Avec l’augmentation de la dépendance, il convient de souligner les besoins croissants que les personnes âgées vont solliciter auprès des actifs pour faire face à leurs activités quotidiennes.

Les maladies neuro-cognitives dont la prévalence moyenne est de 67% dans les EHPAD à travers le monde, (WHO, Alzheimer.org, NHS reports 2020) constituent également un enjeu majeur pour la prise en charge au sein d’institutions MS.

Aux moyens humains et financiers nécessaires, il convient de souligner la place et le rôle de l’environnement sur la santé, le bien-être et la qualité de vie du sujet âgé.

Cet aspect insuffisamment pris en compte dans le développement des établissements gériatriques de la fin du XXème siècle laisse un héritage architectural et environnemental souvent remis en question voire critiqué aujourd’hui.

De nombreux travaux scientifiques depuis les années 2000 se sont efforcés d’identifier et de décrire les associations significatives qui existent entre l’environnement et la qualité de vie.

Ces travaux reflètent combien la santé, le bien-être du sujet âgé sont fortement dépendants du cadre de vie auquel les personnes sont exposées. Certains vont permettre de préserver des capacités, d’autres vont en accélérer la dégradation – observables par une amplification des troubles du comportement, des chutes ou de la désorientation spatiale.

D’autres enfin vont encourager le lien social, l’engagement dans des activités, voire la récupération de certaines facultés – pour les gestes quotidiens ou les capacités cognitives notamment pour celles atteintes de maladies neurocognitives.

Nos travaux de recherches nous ont conduit à explorer les potentialités de l’environnement et en particulier du jardin en institution psycho gériatriques. Ceci afin d’en apprécier les effets réels sur la santé et le bien-être des résidents. C’est ainsi que nous avons été conduits à décrire le concept de jardin enrichi. L’objectif de cet article est de poser les cadres conceptuels et de présenter les opportunités que présente ce concept pour les personnes vivant en institution.

La notion d’environnement sain

La déclaration de Stockholm sur l’environnement humain en 1972 a reconnu dans son Principe Premier : « L’homme a un droit fondamental à la liberté, à l’égalité et à des conditions de vie satisfaisantes, dans un environnement dont la qualité lui permette de vivre dans la dignité et le bien-être »

Dans son rapport rendu à l’issue de la Conférence de Rio en 1992, l’OMS déclare « un environnement sain est la condition préalable à la réalisation d’autres droits humains ».

Cette déclaration est complétée en 2002 à propos du vieillissement par la phrase suivante « un milieu physique adapté peut faire toute la différence entre indépendance et dépendance pour les individus, mais il revêt une importance particulière pour les personnes âgées ».

Le concept d’environnement sain s’inscrit ainsi comme un droit individuel et collectif à bénéficier d’un espace de vie de qualité, d’un point de vue physique, psychologique et social.

Si cette notion s’est forgée à l’origine en réaction à des problématiques environnementales (pluies acides, pollutions industrielles, risque nucléaire), elle a trouvé une place parfois mal définie à la croisée du droit environnemental et du droit à la santé.

Les enjeux principalement cités concernent les pollutions atmosphériques, chimiques et de l’eau. Mais ils décrivent également les questions d’hygiène associées à des problèmes de salubrité, ils s’étendent à l’environnement professionnel, au cadre de vie d’une façon plus générale, associant la nutrition, l’éducation, le logement, le milieu urbain, les nuisances sonores et la qualité de l’air.

Les champs d’interactions sont immenses convoquant autant des questions de diagnostics, de gestion des risques, de règlementation que d’éducation à la santé.

C’est dans ce cadre conceptuel, que se développent des notions telles que l’écologie humaine (Ralph Waldo Emerson), la psychologie environnementale (Proshansky, Ittelson 1974), l’anthropologie et la question de la nature de Philippe Descola (2011), les travaux de distinction entre nature et culture, humain et non-humain  (« Nous n’avons jamais été modernes » de Bruno Latour).

L’environnement capacitant

Progressivement, l’environnement s’est affirmé au cours des dernières décennies comme un acteur essentiel de la santé. Il se prolonge avec la définition apportée par Pierre Falzon en 2005 avec la notion d’environnement capacitant, intervenant sur le pouvoir d’agir des individus : « L’environnement capacitant est sensible aux différences interindividuelles […] (âge, sexe, culture), compense les déficiences liées à l’âge, aux maladies, aux incapacités et prévient l’exclusion »

1/ Comment le jardin a-t-il pris un sens sur la santé Du jardin traditionnel au jardin thérapeutique

Les amateurs de jardin lui revendiquent d’être avant tout un espace de nature. Il n’en est primairement que la représentation humaine. Transférant à cet espace clos (hortus gardinus signifie jardin entouré d’une clôture) une visualisation d’un idéal imaginaire, le jardin a voyagé à travers les cultures et les civilisations.

Il a matérialisé dans son architecture, sa palette végétale, ses matériaux des aspirations philosophiques, religieuses et politiques.

Le jardin d’Eden, les jardins de Babylone, les jardins médiévaux ou andalous, les jardins des lettrés chinois, les jardins royaux ou les jardins anglais… chacun d’entre eux démontre une domination de l’homme sur la nature au service d’une idéologie, d’un courant de pensée, d’une religion ou d’une emprise politique sur un territoire.

Cette codification du monde réduite dans l’espace d’un jardin prend aujourd’hui une dimension presque mystique, idéalisée dans une période elle-même en quête de spiritualité.

L’Hortus conclusus

Cette codification est bien réelle – elle est un mélange de poésie inspirée par l’Hortus conclusus – comme une représentation du Cantique des Cantiques « Hortus conclusus soror mea, sponsa ; hortus conclusus, fons signatus » – (Ma sœur et fiancée est un jardin enclos ; le jardin enclos est une source fermée). ».

Cet Hortus Conclusus devenu au Moyen Age l’espace dédié au culte de la Vierge Marie associé à une vision paradisiaque – est la vision qui a voyagé jusqu’aujourd’hui lorsque l’on parle de jardin médiéval.

Cette représentation est idéalisée par le plan retrouvé au Monastère de St Gaal en Suisse alémanique. Fort de cet héritage historique, soutenu par les prouesses de paysagistes talentueux, le jardin s’est doté dans la conscience collective d’infinies vertus.

L’église catholique mais aussi l’Islam, utilisèrent le jardin comme vecteur de la représentation de leur idéal religieux. Celui-ci permettait en complément de l’iconographie d’être un support populaire à la représentation des valeurs religieuses voire du paradis (pairidaēza à l’origine en iranien avestique).

2 /Le concept de jardin thérapeutique

Le terme « jardin thérapeutique » est une notion qui a fait son apparition au cours des années 1990, sans bénéficier de la définition d’un cadre conceptuel précis. Il était une traduction du terme « healing garden (expliquer la traduction) » qui met davantage en avant (faire une phrase supplémentaire) la présence de plantes médicinales et fait référence aux jardins des Monastères au Moyen-Age où elles étaient cultivées.

L’accueil favorable qui est fait au jardin en forme par essence un espace idéal pour accueillir une mission thérapeutique.

Non seulement parce que la construction sociale en a fait un lieu vertueux et populaire, mais aussi parce que son aménagement ou son adaptation est soumis à moins de contraintes financières et règlementaires que les bâtiments.

Parmi les premières publications qui fondèrent le concept de jardin thérapeutique, il y a les travaux de R Ulrich (Ulrich, 1984) qui démontraient que la vue sur un jardin depuis la fenêtre d’une chambre d’hôpital accélérait la convalescence post-opératoire.

De nombreuses suivirent, mais il faut noter que les établissements de santé n’attendirent pas la contribution de la recherche pour doter leurs hôpitaux, dispensaires, mais aussi les sanatorium de jardins ou de parcs (Grandvoinnet, 2010) ; on y vantait à la fin du XIXème et début du XXème, les bénéfices d’un parc paysager sur la santé des tuberculeux.

Le concept de Green Care

Les anglo-saxons décrivirent le concept de Green Care (“(16) (PDF) Green Care: a Conceptual Framework. A Report of the Working Group on the Health Benefits of Green Care,” n.d.)

Si l’on se reporte à l’ouvrage de C. Cooper Marcus (Healing Gardens 1995), la définition s’énonce ainsi : « Un sens général désignant des jardins ayant un effet positif sur le stress et d’autres influences positives sur les patients ».

Il s’agit principalement d’un espace extérieur, souvent assimilable à un jardin, implanté dans un établissement médico-social.

La démarche générale de conception du jardin thérapeutique est centrée sur l’adaptation à l’environnement présent dans l’établissement médico-social où il est projeté, et la réponse aux exigences liées à l’ergonomie et la sécurité (= accessibilité) – si bien que lorsque l’on se reporte à la littérature qui lui dédiée, le jardin thérapeutique reste une notion relativement floue, tant dans ses attributs que sa finalité.

L’environnement enrichi : laboratoire de recherches pour le jardin enrichi

Le concept d’environnement enrichi a été décrit pour la première fois par Donald Hebb, un neuropsychologue de l’Université de McGill (Montréal).

Les travaux qu’il a mené à partir de 1946 sur des populations de souris vivant dans des cages avec des niveaux progressifs d’aménagement ont permis de démontrer dans un premier temps que celui-ci avait un effet significatif sur leur capacité à résoudre des problèmes.

L’aménagement des cages a été faite de façons différentes les unes sans éléments particuliers en dehors d’une mangeoire et d’un abreuvoir, les autres avec des accessoires qui vont par des activités ludiques, stimuler leurs capacités cognitives.

  •  roues
  • labyrinthes complexes et changeants
  • problèmes à résoudre pour accéder à la nourriture
  • échelles et bascules

Mais aussi la convivialité par le partage de l’espace avec d’autres congénères.

C’est au cours des années 60, avec une équipe de chercheurs américains composée de Bennett, Diamond, Krech & Rosenzweig, que la notion d’environnement enrichi révèle son potentiel.

Comparant différents types d’environnements, les uns appauvris, les autres enrichis, des expériences répétées ont permis d’établir une véritable correspondance entre l’enrichissement de l’environnement et le volume et l‘épaisseur du cortex cérébral.

L’une des expériences phare:

Conduite par l’équipe du laboratoire américain de l’Institut national de Santé mentale (National Institute of Mental Health), comparent une exposition pendant une durée d’un mois d’un groupe de rat à ce qu’ils appellent ECT (Environment complexity & Training) c’est-à-dire un environnement complexe et stimulant, d’un autre groupe de rat placé en IC (Isolated conditions) autrement dit à l’isolement.

Une exposition est programmée par séquence de 30 minutes par jour pour le groupe ECT, dans un espace stimulant les fonctions cognitives dans lequel des croquettes sucrées étaient distribuées à chaque succès dans la résolution d’un problème.

La composition de cet espace étant modifié chaque jour. Pendant ce temps, le groupe IC restait dans une cage aux trois côtés fermés et avec un accès non restrictif à la nourriture et à l’eau.

L’idée que l’environnement puisse avoir un effet sur le comportement ou les capacités cognitives était une donnée globalement acquise soutenue par les différentes observations faites sur des individus en fonction du milieu dont ils étaient originaires.

Cela participait et renforçait les théories développées dans les sciences de l’éducation.

De nombreuses publications scientifiques

Par contre que le cerveau d’une souris puisse s’accroître et se ramifier en fonction de l’exposition à l’environnement, et qu’il contribue à en modifier la taille et la structure ouvrait des perspectives qui furent ensuite explorées dans de nombreux laboratoires :

  • Une équipe chinoise démontre que l’hypo-perfusion cérébrale chronique risquant de provoquer des troubles cognitifs par une expression réduite de CREB phosphorylé, est compensée par un EE.
  • Des japonais confirment que l’EE permet de compenser les déficiences de mémoire de souris avec une mutation PACAP -/-
  • Une équipe indienne souligne que l’EE permet de réduire le risque de syndrome dépressif chez des souris affectées par des troubles cognitifs et restaure la plasticité synaptique anormale de l’hippocampe.
  • Des chercheurs israéliens de l’Université Ben Gourion observent que des souris exposées à un EE ont montré un net progrès dans la guérison des lésions cérébrales.

Utilisant le test de reconnaissance d’objets nouveaux et d’orientation à l’intérieur de labyrinthes, ils ont tenté de déterminer le niveau de fonctionnement mémoriel et cognitif des souris placées dans des cages standard par rapport à celles se trouvant dans des environnements enrichis – cages plus grandes contenant des stimuli supplémentaires, des roues pour courir, de la nourriture et de l’eau en quantité, un espace ouvert, et des objets à explorer régulièrement changés.

D’autres publications soulignèrent les bénéfices de l’environnement enrichi sur la perception de la douleur, la maladie de Parkinson, la maladie d’Alzheimer. Sils foisonnaient dans le modèle murin, peu de transpositions à l’homme issues d’une démarche de recherche translationnelle virent le jour.

Il faut noter cependant des travaux conduits sur l’autisme et l’enrichissement environnemental. Une étude randomisée, contrôlée sur des enfants autistes démontrait après 6 mois d’exposition à un environnement enrichi, que parmi les participants, 21%  d’entre eux ne répondaient plus aux critères qui les avaient classifiés en tant qu’autiste avant l’étude.(Woo et al., 2015)

Le concept de jardin enrichi

Le jardin enrichi est une innovation résultant de l’association du concept de jardin avec celui d’environnement enrichi.

En cela, il offre au jardin une définition nouvelle et spécifique.

Comme il convient de le faire dans la description d’un concept innovant, en référence à la caractérisation d’un concept décrite en 1923 par Ogden & Richards, il convient d’en apprécier la portée des 3 dimensions : dénomination, compréhension et extension.

Définition du jardin enrichi : le jardin enrichi est un espace extérieur aménagé dans des limites éventuellement définies par une clôture, pour lequel la végétation a été enrichie de de modules spécifiquement conçus et choisis afin de favoriser la fréquentation, l’appropriation, le bien-être et les marqueurs de santé des personnes qui le fréquentent.

A l’inverse de la conception d’un jardin traditionnel qui se fonde sur l’adaptation à l’environnement, celle du jardin enrichi est fondée sur l’humain et la (ou les) pathologie(s), le (ou les) troubles dont il est atteint afin d’y apporter une médiation bénéfique.

 

Jardin thérapeutique enrichi : définition – Compréhension 

Familiarité : :  la compréhension est instantanée dès lors que le terme est perçu par une audience familière du concept d’environnement enrichi. La problématique pour la compréhension réside principalement dans l’appréciation du type d’enrichissement contenu.

 Résonance : La présence du mot « jardin » dans la dénomination ouvre une familiarité importante qui peut potentiellement par excès de familiarité atténuer la perception du concept de « jardin enrichi » par rapport à un « jardin conventionnel »

Parcimonie : La simplicité des termes utilisés est assurément un facteur favorable à l’adoption du concept. La caractérisation des attributs principaux qui lui sont associés : fréquentation, appropriation et bénéfices sur la santé en renforcent la légitimité tout en lui offrant une certaine exigence

Cohérence : le concept associant jardin et environnement enrichi dans ses attributs et ses objectifs en assure la cohérence.

Différenciation : la différentiation en est formée par ses 3 attributs majeurs et la caractérisation qui en est faite par une activité de recherche scientifique avant celle de conception architecturale.

Profondeur : le principe de recherche scientifique qui fonde le concept, les objectifs de santé qui l’accompagnent en forment la profondeur

Utilité théorique : le concept ouvre un champ nouveau dans le développement et l’usage du jardin par rapport à la perception actuelle. Bien que celle-ci soit parfois polluée par l’idée reçue que n’importe quel jardin, sans attribut spécifique puisse offrir les mêmes fonctions

Utilité de champs : le concept de jardin enrichi offre des ouvertures d’extensions vers de nombreux champs qui restent à explorer tels que la prévention des maladies professionnels, l’espace urbain, mais aussi la transposition du concept d’« environnement enrichi » vers d’autres espaces que le jardin.

Jardin thérapeutique enrichi : définition – Les principaux attributs du jardin enrichi

L’appropriation 

nous n’avons pas identifié de publications s’intéressant au concept et au processus d’appropriation de son environnement par un résident en EHPAD. Il s’agit pourtant d’un enjeu essentiel dès lors que l’environnement est considéré comme un facteur déterminant pour la qualité de vie et la santé du résident.

Plusieurs modèles ont cependant contribué à décrire le processus d’appropriation d’un espace public et les facteurs qui y participent. On citera notamment les travaux de GN Fischer (1975) ou de Ripoli & Veschambre (2005).

Et ainsi que le souligne K Popper ou R Boudon, chaque individu n’abordera pas l’appropriation dans une dynamique collective, mais à l’issue d’un processus personnel et individuel.

Son mode d’appropriation d’un jardin enrichi définira son rythme de fréquentation et la nature des interactions qu’il établira avec l’espace. Notre travail de recherche consiste à travers une étude qualitative à identifier les différentes étapes du processus d’appropriation du jardin enrichi par les résidents, à caractériser les modes d’appropriation à travers les interactions qu’ils établissent avec le jardin.

Ce travail innovant dans le jardin est également riche d’enseignement sur les interactions qu’établissent une personne âgée en institution avec son environnement. Il conviendra également de mettre en relation ce processus avec celui décrit par GN Fischer, mais aussi Ripoli et Veschambre dans l’espace public.

Un suivi et un enregistrement de la fréquentation par un groupe de résidents participants à l’étude, permettra de vérifier s’il existe une relation significative entre l’appropriation et le rythme de fréquentation.

Jardin thérapeutique enrichi : définition – des effets positifs sur la santé et le bien-être :

C’est sans doute ici l’enjeu ultime du jardin enrichi. Conçu à partir et autour de la santé du résident, l’environnement du jardin doit l’accompagner vers un sentiment de bien-être, une qualité de vie et une préservation voire une amélioration de ses marqueurs de santé.

Une étude pilote contrôlée conduite en comparant des résidents en EHPAD atteints de la maladie d’Alzheimer à un stade avancé, répartis entre un groupe contrôle (ne fréquente pas de jardin), un groupe fréquentant un jardin sensoriel conventionnel (JSC) et un jardin enrichi (JE) a été publiée en juin 2021 dans la revue Alzheimer Research & Therapy.

Cette étude met en évident que les participants du  groupe (JSC) ne présente aucune différence significative avec le groupe contrôle et marque une dégradation continue de ses capacités cognitives et de son indépendance fonctionnelle ; alors que les participants du groupe JE se caractérisent par une récupération de capacité sur les échelles de mesure respectivement MMSE et ADL.

Des études complémentaires se sont révélées nécessaires, afin d’élargir l’évaluation des effets du jardin enrichi sur les principales échelles utilisées en gériatrie et en particulier celles pour lesquelles il existe déjà des indications dans la littérature : les troubles du comportement, le lien social, l’estime de soi. Mais il convient également de caractériser la relation entre appropriation et bénéfice sur la santé et la qualité de vie.

Les perspectives

Les perspectives offertes par ces travaux de recherche sur le jardin enrichi. Ils devraient contribuer à décrire les interactions d’un résident en EHPAD avec son environnement et identifier les facteurs qui les favorisent. Conçus autour de la satisfaction du résident, fondé sur une activité de recherche, le jardin enrichi peut-il être prédictif des améliorations qu’il est susceptible de produire. Il ne faut pas écarter cependant que chaque personne se résout suivant des règles qui lui sont propres et l’on ne peut décrire le jardin comme un design universel. C’est par l’anticipation dans la conception du jardin enrichi, des attentes du plus grand nombre que l’on pourra tendre vers une généralisation de ses bienfaits.

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Jardin thérapeutique sensoriel

Jardin thérapeutique sensoriel :

Quelle différence entre un jardin sensoriel et un jardin thérapeutique ?

Il semblerait que de nombreuses confusions soient possibles, à propos du jardin thérapeutique sensoriel. Ainsi, de nombreux jardins conçus comme des jardins sensoriels sont finalement qualifiés de jardins thérapeutiques  et inversement. A priori le sens est porté par l’attribut. Un jardin sensoriel se définit par une importance particulière portée à la sensorialité. C’est à dire à la valorisation des différentes formes de stimulations sensorielles: vue, odorat, toucher, goût, ouïe.  Nous développerons plus bas en quoi cette stimulation sensorielle participe ou peut participer d’une démarche thérapeutique.

Cependant, un jardin thérapeutique est un concept mal défini quant à ce qui le constitue, mais suggère que son design participe d’une démarche thérapeutique. Lorsque l’on consulte les différentes publications à ce sujet. Il n’existe pas un consensus clair sur la notion de thérapie relative à la fréquentation d’un jardin. D’autres articles développent par ailleurs les connaissances principales acquises à ce sujet:

C’est ainsi que sans possibilité de prouver de façon claire la dimension thérapeutique d’un jardin thérapeutique, nos travaux de recherche nous ont conduit à définir le concept de jardin enrichi thérapeutique.

Jardin thérapeutique sensoriel

Celui-ci dispose à la fois d’une dimension sensorielle et d’une dimension thérapeutique.

Jardin thérapeutique sensoriel:  Pourquoi? Comment ?

La mobilité réduite de nombreux résidents signifie qu’il faut davantage d’éléments paysagers conçus pour ajouter de l’intérêt et du plaisir. Et ils devraient être placés à des intervalles plus courts. Afin de compenser les distances réduites que certains résidents peuvent parcourir confortablement. La distance réduite et la vitesse de marche lente de la plupart des résidents signifient que les espaces doivent contenir plus de variété et plus d’éléments. Ceux-ci doivent être visuellement intéressants sur une surface plus petite que ce qui serait nécessaire dans un espace conçu pour le grand public.

Cet ajustement à la mobilité suggère donc une plus forte concentration spatiale des éléments de stimulation sensorielle. Mais ce besoin de sensorialité a également d’autres justifications, qui vont conduire à l’ajuster différemment en fonction des besoins des résidents.

  • Il peut s’agir d’une adaptation à la déficience sensorielle de certains ou de tous les résidents. Ce sera le cas particulier dans un EHPAD pour personnes atteintes de cécité partielle ou totale. Mais cela concernera généralement le cas de nombreux établissements accueillant des personnes âgées souffrant de différentes altérations de la perception: souvent auditive, visuelle ou gustative.
  • Cela va concerner également une évolution de la perception sensorielle liée à l’évolution de pathologies neuro-cognitives (notamment maladie d’Alzheimer, démence à Corps de Lewy, démence parkinsonienne).
  • Cet ajustement sensoriel prendra des dimensions différentes dans le cas notamment de jardins pour autistes qui inversement pourront avoir développé une hypersensibilité notamment à la lumière ou aux sons.
  • Enfin, il a été observé que la stimulation sensorielle, au-delà du besoin de compenser certains déficits, sera un moyen de solliciter l’interaction du résident avec son environnement

Un article a été dédié à la description des moyens possibles de stimuler les sens dans un jardin. Cliquer ici

Jardin thérapeutique sensoriel : sensoriel ou thérapeutique ?

Les jardiniers anglais ont porté beaucoup d’attentions à cette notion dans la description du « sensory garden« . La fondation Thrive a fortement contribué à communiquer sur la cette dimension. De notre côté, nous restons prudents dans la qualification de thérapie, notamment lorsque l’on se trouve dans le traitement de maladies chroniques.

Très certainement, notamment pour des personnes résidant dans un lieu dominé par une forme d’architecture hospitalière. Le contraste apporté par la fréquentation d’un jardin quelque peu sensoriel, ne peut être que bénéfique. Il conviendrait cependant de soutenir cette intention avec des études scientifiques ayant valeur de preuves – ce qui manque encore aujourd’hui.

 

 

 

 

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Jardin thérapeutique enrichi en EHPAD

Jardin thérapeutique enrichi en EHPAD: Le rôle de l’environnement physique

Le jardin thérapeutique enrichi en EHPAD est un enjeu important lié à l’évolution des populations qui y sont accueillies. L’allongement de l’espérance de vie entraîne une forte augmentation du nombre de personnes très âgées, fortement touchées par des maladies chroniques, des polypathologies et des maladies neurocognitives.

Une proportion importante d’entre elles vit dans des institutions gériatriques. En Europe, on estime que 3 millions de personnes âgées vivent en EHPAD ou équivalent  (Cushman et Wakefield 2019) en raison d’une perte d’autonomie fonctionnelle et/ou de handicaps liés à des troubles cognitifs, principalement liés à la maladie d’Alzheimer.

Il y a donc un défi important pour ces institutions gériatriques à offrir une gamme de services de soins qui répondent à la fragilité croissante de leurs résidents, tout en offrant un cadre de vie qui compense utilement l’abandon de leur domicile.

A cet égard, l’environnement a été régulièrement mis en avant comme un facteur important de qualité de vie, de bien-être et de santé. De nombreuses publications ont souligné l’effet majeur de l’environnement bâti pour répondre à cette préoccupation (Day et al., 2000).

L’environnement physique est essentiel tant pour offrir un cadre de vie agréable que pour atténuer les troubles et les déficiences liés à l’âge. Le rôle de l’environnement physique sur la santé a été largement exploré par la recherche scientifique, notamment dans les études sur le modèle animal.

jardin thérapeutique enrichi

Des recherches scientifiques récentes améliorent nos connaissances

Dans des travaux pionniers, le neuropsychologue D. Hebb (Hebb, 1947) a réalisé des études d’intervention et constaté qu’un enrichissement de l’environnement permettait d’améliorer les capacités cognitives des souris.

En outre, il est apparu que cette intervention produisait des effets neurobiologiques, en particulier une meilleure capacité fonctionnelle, des connexions neuronales et une réduction de l’anxiété (Görtz et al., 2008).

Suite à ces travaux, des expériences similaires ont été menées sur des souris transgéniques soutenant que l’enrichissement de l’environnement réduit le stress psychologique par rapport à un environnement appauvri (Larsson et al., 2002), ou module fortement la génération d’Aβ (peptides bêta-amyloïdes) in vivo et son impact sur la fonction du système nerveux des animaux atteints de la maladie d’Alzheimer (Jankowsky et al., 2005).

La prévalence de l’épuisement professionnel des soignants, la lutte difficile contre les grands syndromes gériatriques font de la santé et de la qualité de vie des personnes âgées un enjeu majeur qui questionne également l’environnement de l’EHPAD (Havreng-Théry et al., 2021).
Alors que la recherche en santé environnementale se développe, la réalisation d’essais contrôlés randomisés sur des humains, et principalement des personnes âgées, reste critique tant pour des questions éthiques que techniques (Resnik, 2008).
Nous nous demandons donc si l’environnement physique pourrait également influencer la santé des humains vivant en EHPAD.

Par conséquent, nous nous demandons si ces efforts de recherche ont abouti à la conception d’un environnement idéal et si cet environnement a démontré des avantages clairs pour la santé et le bien-être des résidents (Flood, 1995) .

La revue de littérature scientifique que nous avons conduite, en utilisant une équation de recherche ciblée sur l’ensemble des bases de données médicales internationales, a permis de mettre en évidence quelques conclusions intéressantes relativement au rôle de l’environnement sur la santé et le bien-être des résidents.

Le jardin thérapeutique enrichi

Le jardin thérapeutique enrichi y apparait comme étant un des espaces les plus favorables tant dans l’amélioration de la qualité de vie, la satisfaction des aidants, que la restauration ou la préservation des capacités existantes.

Il faut noter toutefois que la question de la facilité d’accès au jardin est un élément important. Il faut que le jardin soit visible et éviter les obstacles pour y parvenir ( verrouillage de portes, ouverture difficile…), au risque de développer un sentiment d’anxiété et de l’agitation.

La lumière et le son

Deux facteurs importants se révèlent également à travers cette étude: la lumière et le son.

La fréquence et l’intensité de la lumière, ainsi que la possibilité de bénéficier régulièrement d’un éclairage par la lumière naturelle, sont des éléments à bien ajuster afin de faciliter l’engagement dans des activités, réduire l’apathie et les troubles du comportement.

De même, un éclairage adapté dans les espaces de restauration, se révèlent déterminants pour favoriser la convivialité leur de la prise des repas.

Des éléments qui ont été mesurés par un meilleur IMC (indice de masse corporelle) et une amélioration des indicateurs de qualité de vie (DemQoL) et le meilleur respect du rythme circadien.

Le son y est relevé particulièrement comme une nuisance lorsqu’il s’agit d’une réduction du bruit, qui affecte l’agitation et la qualité de vie. Par contre, la présence de musique en fond sonore ne participe pas d’amélioration des indicateurs de santé ou de qualité de vie.

La dimension des EHPAD en question

Etonnamment, la dimension des EHPAD avec la tendance actuelle à développer le concept de maisonnée accueillant 8 à 12 résidents, comparée à des configurations traditionnelles ne produit pas systématiquement un bénéfice mesurable sur la qualité de vie, le bien-être et la santé des résidents.

Dans certaines études, ce concept d’architecture de « petite taille » y est favorable, dans d’autres, aucun différence mesurable n’y est observée.

Il convient donc d’apprécier cette évolution avec nuances. Sans doute en lien avec l’ensemble des facteurs en jeu dans le quotidien de la vie en EHPAD,  en particulier le rôle des soignants, le design général et la dimension culturelle.

Favoriser la rénovation intérieure centrée sur le résident

La rénovation d’un établissement, ou d’une partie de l’EHPAD avec une approche centrée sur les attentes du résident produit régulièrement des effets bénéfiques. Il s’agit souvent d’aménagements simples et bien pensés qui permettent d’effacer un peu la dimension hospitalière de l’architecture intérieure.

S’agissant d’augmenter la pénétration de la lumière naturelle, l’introduction de végétale, la peinture des murs ou la décoration intérieure. On observe dans les études concernées, des bénéfices sur la fréquence et la durée des interactions entre résidents et par conséquent de la sociabilisation, ainsi que la réduction de l’agitation.

Les études sur les salles multi-sensorielles (Snoezelen) ne révèlent pas de bénéfice sur la santé

Enfin, l’ensemble des études recensées relativement à l’usage de salles multi-sensorielles (telles que des espaces Snoezelen), révèlent l’absence de bénéfices mesurables sur la santé des résidents. Les études interventionnelles conduites avec des protocoles robustes ne parviennent pas à mettre en évidence des avantages mesurables de la fréquentation régulière de ces espaces par rapport à un groupe contrôle. Et cela en particulier pour des résidents atteints de la maladie d’Alzheimer.

En conclusion

Cette petite synthèse présentée ici, confirme cependant que :

  • l’environnement physique joue un rôle significatif sur la santé et la qualité de vie en institution gériatrique
  • de nombreux paramètres rentrent en jeu et il convient en conséquence de concevoir les EHPAD en plaçant  le résident au coeur des préoccupations
  • les EHPAD ont souvent été conçus avec des enjeux financiers et règlementaires importants, oblitérant trop souvent la qualité de vie du résident
  • le développement des connaissances scientifiques encouragent à la valorisation de cette expertise. Il s’avère que la mutualisation de ces connaissances souligne les effets néfastes qu’un environnement appauvri peut produire. Des efforts continus doivent être poursuivis pour améliorer la conception des EHPAD, si tant est que le. concept de l’EHPAD tel qu’il existe aujourd’hui doive être préservé ?

 

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Jardin enrichi et jardinières ergonomiques

Bien souvent l’installation d’un jardin dit « thérapeutique » se limite à l’implantation d’une ou plusieurs jardinières surélevées sur une terrasse au milieu de quelques massifs de lavande et de romarin. Qu’en est-il? Jardin enrichi et jardinières ergonomiques:

jardin enrichi et jardinières ergonomiques

Le choix d’une jardinière surélevée résulte de trois critères principaux :

  • ergonomie
  • usage
  • esthétique

De nombreux fabricants , qu’il s’agisse d’ateliers de menuiserie, d’assemblage bois ou de moulage en plastique ont développé des produits qui peuvent apporter des réponses intéressantes à l’activité de jardinage en EMS. Quelle place donner à ces jardinières dans un jardin et comment les implanter pour les valoriser au mieux.

La Fondation Thrive en Grande-Bretagne qui a fondé l’essentiel de sa démarche sur le principe de l’hortithérapie « Gardening for Health » (Jardiner pour être en bonne santé), a développé dans ce domaine une expertise largement partagée à travers ses activités de formation. Il faut reconnaître que la culture des britanniques les préparent très naturellement à se tourner vers le jardinage.

D’une façon générale, notre expérience – les verbatim que nous avons analysés à la suite d’ateliers de jardinage en EHPAD ou FAM nous invitent à adapter correctement la solution qui pourra être proposée en fonction des populations accueillies. La même adhésion à une activité de jardinage ne s’exprime pas de façon unanime par les résidents et l’ergonomie offerte par la surélévation des ateliers de jardinage n’apporte pas à elle seule la réponse à toutes les attentes.

Jardin enrichi et jardinières: Quelle ergonomie?

Elle constitue bien souvent la préoccupation majeure dans le design de ces « tables » de jardinage. Il s’agit alors de trouver  le bon compromis entre les différents enjeux:

– l’autonomie (enfant, adolescent, adulte, sujet âgé)

– les personnes à mobilité réduite et verticalisée

– celles qui ne se déplacent qu’en fauteuil (fauteuil simple ou  motorisé)

Ces différents éléments vont définir une hauteur du plan de travail, la hauteur nécessaire pour le passage des jambes sous le plan de jardinage, et par conséquent la profondeur de travail de la terre, mais aussi la surface de plantation accessible suivant que l’on est en position debout ou dans un fauteuil.

Il peut-être pertinent en fonction de ces différents enjeux d’ajuster le choix de sa table de jardinage afin d’avoir une solution qui s’adapte à tous. Une possibilité consistant à utiliser une table qui offre une ergonomie différente en fonction des personnes qui l’utilisent. Car la hauteur de travail debout n’est pas nécessairement compatible avec celle d’une personne assise.

L’usage

jardin enrichi et jardinières ergonomiques

Plusieurs articles ont été consacrés sur ce site aux activités de jardinage. Notre suggestion principale est de réserver une partie de ces jardinières à des cultures permanentes  de plantes condimentaires ou aromatiques. Leur cueillette permettra par exemple d’agrémenter l’assaisonnement des plats, et d’utiliser le reste comme un « tableau effaçable ». Sur ce plan de travail on organisera des séquences de jardinage (semis, jeunes plants, récolte) avant de transplanter les végétaux vers un espace potager, un massif ornemental ou des jardinières ornementales. En effet mobiliser ces jardinières, généralement de taille réduite, pendant toute une saison pour récolter des potirons à la Toussaint risque de démobiliser l’attention des résidents.

L’enjeu n’est pas de former des horticulteurs, mais de retrouver ou de partager un plaisir du jardinage entre la manipulation du végétal et de la terre, son observation, son évocation. C’est aussi respecter quelques séquences procédurales et des consignes, tout en offrant la récompense d’un goût partagé (manger des fraises muries au soleil, cueillir des fleurs pour décorer sa chambre…)

Jardin enrichi et jardinières ergonomiques: L’esthétique

Il est observable que bon nombre de ces jardinières ne sont pas des meubles très décoratifs et qu’ils vieillissent plus ou moins bien. La terre y est séparée du sol, si bien que les besoins en arrosage sont plus importants; d’autant que la nécessité de mettre à disposition une terre facile à travailler va privilégier le choix d’un terreau horticole qui se dessèche vite au soleil.

Leur forme, leur implantation n’offre pas toujours une esthétique suffisante pour encourager à leur utilisation. Leur dimension oblige à une activité de grande proximité entre résidents. Alors que certains apprécient le jardin pour y trouver un peu d’isolement vis à vis de la pression de la vie collective.

Une solution que nous avons développée qui tout en préservant l’ergonomie requise, consiste à former un talus ergonomique avec un soutenement en bois, de différentes hauteurs. Cette formule permet d’accompagner harmonieusement le profil d’un terrain.  Cela est l’occasion d’utiliser la terre qui est décaissée lors de la formation d’aller, de disposer d’un substrat plus hydrophile que l’on allègera avec un apport en terreau horticole.

Enfin, il est possible d’aménager le long d’un talus ainsi formé, des espace adaptés pour l’accès aux personnes à mobilité réduite. Plutôt que d’être confiné sur des dimensions réduites, le talus ergonomique agencé sur plusieurs mètres accompagnera la promenade dans le jardin, pourra être alternativement planté de végétaux adaptés à la cueillette (fleurs, fruits) et d’espaces adaptés à l’hortithérapie.

Il convient avant tout quelle que soit la solution retenue de s’assurer que ces espaces ergonomiques de cultures respecteront l’esprit d’un jardin, plutôt que de s’ériger comme un mobilier adapté pour personnes handicapées ou fragiles.

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Jardins enrichis et troubles du comportement

Les troubles du comportement désignent des signes et symptômes inadaptés qui se traduisent différemment en fonction des populations concernées et des pathologies. Jardins enrichis et troubles du comportement: une opportunité et une offre une médiation thérapeutique

Les troubles du comportement sont des signes ou des symptômes psychologiques et comportementaux. Ils se traduisent par des attitudes inadaptées aux situations ou au contexte. Ils sont observés variablement sur différents types de population en fonction des pathologies.

Les troubles du comportement du sujet âgé

De nombreux travaux et guides de recommandations sur les troubles du comportement chez le sujet âgé et en particulier les personnes atteintes de maladies neuro-dégénératives font actuellement référence. On notera en particulier :

Les troubles du comportement se caractérisent principalement par deux formes de manifestation:

– forme négative ou déficitaire : le sujet se place en retrait – apathie, adynamie, anxiété voire dépression – également appelés troubles psychologiques

– forme positive ou productive : le sujet devient perturbateur pour son environnement – agitation, agressivité, idées délirantes, cris, déambulation – également appelés troubles psychotiques

Ces deux formes de troubles du comportement sont évaluées sur des échelles reconnues telles que le NPI (NeuroPsychiatric Inventory) ou Cohen-Mansfield (état d’agitation). Ils en mesurent/

  • la fréquence (d’une fois par semaine à tous les jours, voire tout le temps),
  • la gravité (de peu perturbant à très perturbant pour le patient)
  • et le retentissement sur les activités des soignants ( de pas du tout à très sévère).

Nos travaux sur l’enrichissement du jardin se sont portés en particulier sur la médiation de:

Les troubles anxieux

Au sein d’un EHPAD, on identifie fréquemment de nombreuses personnes sujettes à des troubles anxieux, caractérisés par:

  • un isolement,
  • une opposition aux soins,
  • des troubles de l’appétit,
  • une demande d’attention supplémentaire
  • aphasie
  • apraxie

En situation de crise l’anxiété évolue vers des séquences d’agitation, d’agressivité voire de pleurs et de cris.

jardins enrichis et troubles du comportement

Le jardin thérapeutique enrichi réduit la manifestation des troubles anxieux

Les troubles anxieux s’évaluent en fonction du nombre, de l’intensité et de la durée des symptômes. Ils se traduisent aussi par une souffrance émotionnelle ou un retentissement marqué sur la vie du résident, des soignants, mais aussi des autres résidents à proximité. Un des objectifs important associé à la prise en charges des troubles anxieux, consiste en l’amélioration du diagnostic des symptômes cliniques et de leur origine afin de proposer une réduction de la prescription de psychotropes.

Il convient dans un premier temps de poser un diagnostic précis sur les sujets anxieux , et d’organiser une prise en charge par le jardin dans la mesure où celui-ci a été enrichi en correspondance avec l’anxiété. Sachant que la comorbidité des troubles anxieux est généralement associée à un état dépressif, des détériorations cognitives et des affections somatiques – notamment pour les cas d’épisodes dépressifs majeurs (EDM).

Jardins enrichis et troubles du comportement: La plainte anxieuse

Compte tenu de l’enjeu pour la santé, la plainte anxieuse et les symptômes somatiques nécessitent bien souvent une prise en charge prioritaires par les soignants des personnes concernées. Cette prise en charge conduit à une mobilisation importante des soignants sur des séquences individuelles qui se fait au détriment des autres résidents pour des soins:

  • individuels
  • différés
  • négociés

Une adaptation du programme de soins de l’établissement en valorisant un jardin enrichi, peut donc présenter des retentissements multiples:

  • réduction des troubles anxieux et bien-être des résidents concernés
  • moins de perturbation pour les résidents à proximité et les soignants
  • davantage de disponibilité pour les soignants en faveur des résidents

Nous avons actuellement élaboré un profil type de l’enrichissement d’un jardin thérapeutique à l’attention des sujets anxieux et envisageons une série d’études afin d’en optimiser le protocole de fréquentation.

Jardins enrichis et troubles du comportement: L’agitation et l’agressivité

Le Pr J. Cohen-Mansfield a validé une échelle d’évaluation de l’agitation du sujet âgé qui permet d’évaluer un patient sur une durée déterminée pour apprécier la pertinence de la mise en place d’un traitement ou de mesures adaptées à ses troubles du comportement.

Il a été suggéré que les comportements inappropriés reflétaient une défaillance de l’environnement à satisfaire les attentes du patient. Cette suggestion trouve également  une résonance dans les études menées sur l’environnement appauvri. Et le jardin en cela peut constituer un espace de compensation à ces défaillances de l’environnement intérieur. Encore faut il que ce jardin dispose des aménagements requis.

En 2008, M Detweiler publie dans l’American Journal of Alzheimer’s Disease & Other Dementias les résultats d’une étude sur l’impact de la fréquentation d’un jardin sur les troubles du comportement. Il évalue sur l’index d’agitation de Cohen Mansfield, et les conclusions donnent un signal encourageant en faveur de la réduction de ces troubles. Préalablement, Cohen-Mansfield avait mené une enquête auprès  des directeurs de 320 établissements gériatriques aux Etats Unis.

Une enquête publiée dans Alzheimer Disease and Associated Disorders

Cette enquête publiée en 1999 dans le journal Alzheimer Disease and Associated Disorders, soulignait parmi les facteurs facilitant l’apparition des troubles d’agitation: la possibilité d’avoir ou non un accès libre au jardin. Bien souvent, les portes verrouillées pour des motifs de sécurité se révèlent être un facteur aggravant. Par ailleurs c’est une des rares enquêtes, qui s’est efforcée de recenser les aménagements présents dans le jardin.

Il n’y apparait pas la notion de jardin enrichi, et les observations se concentrent sur la dimension paysagère du jardin (arbres , massifs ornementaux, bassins…).

Les études cliniques préliminaires que nous avons conduites ont démontré l’intérêt d’un enrichissement spécifique du jardin. Ceci afin d’obtenir dans la durée une réduction significative de la fréquence et du retentissement de l’agitation et de l’agressivité. Nos efforts convergent vers la définition détaillée de chacun des éléments susceptibles de former efficacement un jardin thérapeutique capable de les prendre en charge et d’en réduire les manifestations.

jardins enrichis et troubles du comportement

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Jardin thérapeutique et autonomie

 La perte d’autonomie est l’un des enjeux majeurs de nos sociétés liés au vieillissement. L’âge moyen de perte d’autonomie est de 83 ans. Comment le jardin peut il compenser l’accroissement de la dépendance liée à l’âge? Jardin thérapeutique et autonomie peuvent-ils se rencontrer positivement dans le jardin?
Depuis le rapport de Pierre Laroque en 1962, la politique française d’accompagnement du vieillissement est fondée sur le Maintien à domicile. Cette priorité accordée au domicile a été confirmée en  décembre 2015 par la « Loi sur l’adaptation de la société au vieillissement » Au cours de ces décennies, le profil de la société française s’est profondément modifié, en lien avec l’augmentation de l’espérance de vie, le travail des femmes, l’évolution de l’habitat et la perte d’autonomie liée à l’âge.

La perte d’autonomie qui touche 20% des personnes de plus de 85 ans, inscrit la maison de retraite devenue EHPAD dans le parcours de vie d’une part de plus en plus importante de la population âgée.

La dépendance :

83% des résidents sont en perte d’autonomie (GIR 1-4)

54% sont très dépendants (GIR 1-2)

Comment le jardin enrichi peut il contribuer à compenser la perte d’autonomie ?

En 1999, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) déclarait à l’occasion de sa Conférence ministérielle Santé & Environnement, que « l’environnement est la clé d’une meilleure santé ».

« La santé environnementale comprend les aspects de la santé humaine y compris la qualité de la vie, qui sont déterminés par les facteurs physiques, chimiques, biologiques, sociaux, psychosociaux et esthétiques de notre environnement »

Un certain nombre de travaux scientifiques ont déjà souligné l’importance de l’environnement sur la santé, quelques exemples :

  • l’impact de l’architecture sur la santé (Ulrich RS. Effects of Healthcare Environmental Design on Medical Outcomes)
  • les fameux travaux d’Ulrich régulièrement cités de l’effet de la vue des arbres depuis un lit de convalescence post-opératoire
  • le syndrome de manque de nature (Nature Deficit Disorder)
  • La notion d’environnement prothétique et l’institut Weiss

Jardin thérapeutique et autonomie: des études cliniques encourageantes

Les travaux menés dans les instituts médico-sociaux (EHPAD, nursing homes, care homes, EMS) ont donné lieu à des démonstrations d’impact positif d’une architecture bienveillante sur :

jardin thérapeutique et autonomie

  • la prévalence et la gravité des troubles du comportement
  • l’appétence et la prise de repas des résidents en fonction de l’architecture du restaurant
  • la désorientation en fonction de la lumière (naturelle ou artificielle), des couleurs, de la signalétique et de l’architecture intérieure
  • le lien social lié aux espaces de rencontres et la bienveillance du site favorisant les visites des proches
  • les troubles du sommeil
  • la fréquence des chute

Ainsi, ces observations faites sur le lien entre l’environnement et la santé de populations psychogériatriques relèvent principalement de la bien-traitance architecturale – laquelle est une  notion de psychologie environnementale qui étudie les interrelations entre l’homme et son environnement- ce qui sous-entend notamment que « moins la personne est compétente (santé biologique, habilité sensorielle et motrice, fonctions cognitives), plus elle sera sensible et vulnérable aux déficiences de son environnement » (docilité environnementale).

 

Pourtant, la bibliographie scientifique ne révèle pas de publications faisant état d’un impact de l’environnement sur l’autonomie. Les seules références disponibles concernent des expériences menées sur des rongeurs dans un environnement enrichi – avec la nuance que la mesure de l’autonomie fonctionnelle ne dispose pas d’échelle standardisée pour les souris.

Si bien que les travaux de conception de l’enrichissement du jardin se sont concentrées sur les critères utilisées sur les échelles de (Activity Day Living) et IADL (Instrumental Activity Day Living).

Les principaux éléments d’enrichissement qui ont participé aux études cliniques démontrant une récupération d’autonomie fonctionnelle sur l’échelle IADL sont :

– les mannequins de jardin

– le xylophone arc en ciel

– la station météo

– le talus ergonomique avec les ateliers de tressage et sculpture végétale

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Jardin thérapeutique et handicap

O Ubi Campi a construit une démarche d’expertise et d’écoute au service des différentes formes de handicaps. Jardin thérapeutique et handicap. La conception en MAS et FAM se décline sur une palette d’offres très large. Quelles perspectives pour Jardin thérapeutique et handicap?
D’autres travaux ont fait l’objet de publications antérieures mais nous ont poussé à aller plus loin.

Pour être thérapeutique, le jardin à destination de personnes porteuses de handicaps doit s’ajuster aux formes de handicaps et se fixer des objectifs adaptés et pour lesquels le jardin peut avoir un impact positif.

Jardin thérapeutique et handicap: les enjeux

Il doit avant tout être un espace de liberté et de bien-être, sortant du cadre contraint de la vie en collectivité, à l’extérieur des murs, des couloirs, le jardin offre une respiration bienveillante dans le rythme quotidien. Suivant les populations accueillies, leur motricité et leur déficience intellectuelle, le jardin devra ajuster une palette d’offres diversifiées.

Pour certains résidents, la fréquentation du jardin ne pourra se faire qu’accompagnée par des professionnels de santé, alors que pour d’autres son usage en accès libre sera tout à fait possible.

La notion d’invitation permanente est un élément important pour ce jardin afin qu’il présente depuis tous les points où il est possible de l’apercevoir, une sollicitation de la curiosité, du plaisir, de la gourmandise et du bien-être.

Un jardin qui raconte une histoire

O Ubi Campi a beaucoup travaillé la conception de la dimension paysagère de ses jardins thérapeutiques. Ils doivent laisser une large place à la nature. Mais ils doivent parfaitement maîtrisés la sécurité et l’ergonomie qu’ils garantissent aux résidents. Ces jardins doivent naturellement raconter une histoire de par leur architecture, leur organisation spatiale, leur couverture et palette végétale. En permettant une bonne lisibilité spatiale, tout en offrant des espaces différentiés d’intimité et d’harmonie, ce jardin facilite la transition d’un spectateur passif à l’entrée du jardin vers un acteur pro-actif participant à son évolution.

La combinaison de couvre-sol, de vivaces, de graminées, d’arbustes et d’arbres accompagnera en douceur cette progression dans l’espace.

L’amplification de la stimulation sensorielle

Ce que l’on perçoit dans un jardin, n’est plus reçu aussi pleinement lorsque l’on souffre de pertes auditives, olfactives, visuelles ou gustatives. L’utilisation de simulateurs sensoriels a permis à notre bureau d’études de revoir complètement les règles qui présidaient à la conception habituelle d’un jardin.

Les profils de la végétation, les contrastes, l’organisation spatiale, les émissions sonores, le choix, la séparation et la hauteur des plantes aromatiques ont été revus afin de permettre aux résidents d’en percevoir les nuances.

La valorisation de cette sensorialité permettra à chacun d’entrer en connexion avec l’esprit du lieu, d’être en empathie avec son environnement et de favoriser le lâcher prise.

Jardin thérapeutique et handicap: les missions thérapeutiques

Le jardin pourra offrir une large palette en valorisant une dimension ludique, de solutions thérapeutiques adaptées aux enjeux des résidents. Bien souvent, la prise en charge des troubles du comportement s’est affirmée comme un objectif important et démontrant grâce aux aménagements spécifiques développés par O Ubi Campi d’une grande efficacité. Une large gamme de modules d’enrichissement du jardin a été conçue pour les différentes formes de handicap. Ces modules visent de façon spécifique la prise en charge de:

Jardin thérapeutique et handicap

  • les troubles cognitifs (orientation temporo-spatiale, rythme circadien, mémoire sémantique, procédurale, séquençage…)
  • les troubles du comportement (stress, anxiété, agressivité)
  • le respect des consignes
  • les troubles de la communication
  • la capacité d’interaction avec un tiers
  • la concentration
  • l’estime de soi
  • l’aphasie
  • l’apraxie
  • la psychomotricité (membres supérieurs et inférieurs)
  • les troubles du sommeil

Jardin thérapeutique et handicap: quel enrichissement possible?

En effet, ces différents modules ont été développés en collaboration avec une équipe de professionnels de santé. Ils ont été testés dans des phases pilotes sur une population de personnes porteuses de handicaps diversifiée notamment :

  • enfants, jeunes adultes, adultes, adultes âgés
  • déficients intellectuels
  • handicap moteur

Les modules ont été mesurés sur les critères suivants :

  • appropriation
  • efficacité sur la cible thérapeutique visée (mesurable sur des échelles objectives)
  • esthétique dans le jardin
  • seuls les modules qui répondaient de façon satisfaisante sur ces trois critères ont été conservés, les autres ont été soient revus, modifiés pour satisfaire à nos critères de sélection, ou éliminés.

Chacun des aménagements conçus pour ces différents objectifs et préserveront la dimension naturelle, s’inscrivant dans l’espace du jardin comme s’ils y avaient poussé avec lui.

Jardin thérapeutique et handicap: le lien social et inter-générationnel

Enfin, le jardin thérapeutique pour des personnes handicapées est l’occasion de renforcer le lien social. C’est offrir une expérience positive du lien social. Suivant l’espace disponible dans le jardin et les populations accueillies ces espaces de rencontres seront aménagés.  Soit à 2 ou 3 dans un cocon végétal, à 5 ou 10 autour d’un atelier ludique et plus nombreux encore sur un terrain de jeu ou dans un amphithéâtre végétal.

Ces rencontres seront une occasion d’échanges et d’interaction apaisée avec les autres résidents, mais aussi les familles, les aidants et le personnel soignant.

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Jardin thérapeutique unité Alzheimer

Comment concevoir et quelles priorités donner à un jardin thérapeutique unité Alzheimer?

Les patients qui résident dans des unités spécialisées appelées suivant les établissements (généralement EHPAD):

  • Unité Alzheimer ou Unité de vie Alzheimer (UVA)
  • Unité protégée (UP) ou unité de vie protégée (UVP)
  • Cantou

présentent généralement un profil particulier, lequel évolue également avec le temps. Il ne serait pas approprié de décrire un profil type d’un résident en Unité Alzheimer. Chaque personne en fonction de son parcours de vie, de sa pathologie et et du stade d’évolution neuro-dégénératif sera différente.

On reconnait généralement 7 stades évolutifs de la maladie depuis le stade 1 (aucune déficience) au stade 7 (déficit cognitif très sévère). On les regroupe également en 3 groupes majeurs : stades précoce, avancé ou sévère

Jardin thérapeutique unité Alzheimer: S’adapter à l’évolution de la maladie

En pratique, on retrouvera dans ces unités spécialisées des patients des stades avancés et sévères. Cela dépendra principalement de la population générale présente dans l’établissement. Les unités Alzheimer accueillent des pathologies assimilées telles que les démences fronto-temporales, vasculaires cérébrales, parkinsonniennes mais aussi des syndromes de korsakoff.

La maladie d’Alzheimer représentant souvent le plus grand nombre de sujets. Cela a justifié cette appellation – laquelle est régulièrement remise en cause pour son effet stigmatisant.

Les recommandations

Si les patients que l’on accueille dans ces unités n’ont pas un profil homogène, la configuration, l’architecture, mais aussi la pratique des soins n’est pas identique suivant les EHPAD. La Haute Autorité de Santé (HAS) publie régulièrement des guides et cahiers des charges relativement aux bonnes pratiques à mettre en oeuvre.

Dans certains établissements, c’est le niveau de sécurité pour les résidents qui est positionné en priorité avec une préoccupation majeure de limiter les fugues, dans d’autres établissements, la liberté des résidents est placée au-dessus de l’objectif sécuritaire, et un accent particulier est apporté sur le développement de la pratique des soins.

Faut-il développer les unités Alzheimer?

Il serait difficile et maladroit de tenter d’en donner une classification formelle, sachant que le rôle principal adopté par les soignants se concentre sur l’accompagnement des résidents. Certains vont développer avec le temps des troubles du comportement alors que d’autres évolueront vers un profil aphasique et apraxique.

Ce qui importe dans la conception et l’animation d’un jardin enrichi dans une unité Alzheimer, c’est de l’adapter au profil général des résidents et d’y anticiper les évolutions potentielles.

Les caractéristiques d’un jardin thérapeutique enrichi en Unité Alzheimer

Jardin thérapeutique en unité alzheimer

Il conviendra de dire en préambule que le jardin dans une unité Alzheimer, devra être conçu avec la même démarche que pour les autres pathologies. C’est à dire en plaçant le patient au coeur du jardin afin qu’il se l’approprie le mieux possible et qu’il en tire les meilleurs bénéfices. Tant du point de vue de sa qualité de vie que de sa santé.

Bien évidemment, les patients Alzheimer (ou troubles associés) présenteront un certain nombre de caractéristiques communes – qui pourront servir de fil conducteur à l’agencement du jardin . Ceci notamment liées à leur mobilité et leur capacité d’orientation spatiale.

Bien souvent, les espaces prévus par les architectes des EHPAD pour le jardin des UVP, sont de taille réduite.Voire disposés dans un patio fermé. L’accès au jardin plus ouvert de l’EHPAD est malaisé, compte tenu de la présence de portes sécurisées.

Dans la mesure du possible, notre recommandation serait de faciliter l’accessibilité pour les résidents de ces unités spécialisées vers le jardin commun ou « général » de l’EHPAD. Il convient d’aménager ce jardin avec un enrichissement adapté pour des patients Alzheimer.

Jardin thérapeutique unité Alzheimer: L’architecture paysagère

Il conviendra de former des allées en gérant en même temps une bonne perception spatiale de l’ensemble du jardin. Depuis son point d’entrée, tout en aménageant des espaces différenciés dans leur atmosphère et leur couverture végétale. Préserver la sensation de découverte est un élément important de la circulation dans le jardin.

L’accessibilité

Les résidents de ces unités présentent fréquemment une bonne aptitude à la marche. Il faut l’encourager, tout en veillant à aménager des points de repos, à limiter les pentes à 5% voire si possible 3%. Le nombre de personnes circulant en fauteuil n’est pas toujours très élevé. Si bien que l’on pourra limiter la largeur des allées à 110 – 120, plutôt que 130-150.

Ceci préservera la sensation de chemin de jardin, et en limitera le coût par la diminution des surfaces nécessitant un revêtement.

Il importe que ce revêtement soit avec une finition dure plutôt qu’un matériau souple, ou instable. Ceci vaudra notamment pour les parkinsoniens pour qui  la sensation vestibulaire est altérée. Par exemple, un revêtement en béton sablé avec une légère coloration rose ou jaune.  Limiter les reflets du soleil sur un sol trop clair, pourra constituer une solution appréciée.

La palette végétale

Le choix de la palette végétale devra favoriser une lecture claire de la distribution des différents espaces. Cela concernera notamment les profils, le port végétal et les couleurs tant du feuillage que des inflorescences.

Pour des raisons de sécurité évidente, on éliminera tous les végétaux présentant une toxicité. Que ce soit dans les racines, le feuillage, les épines, les baies, les fruits ou les fleurs…. en particulier parce que nous avons affaire ici à des sujets susceptibles de porter à la bouche ce qu’ils peuvent cueillir.

L’évolution de la maladie favorise fréquemment le repli sur soi des patients. Il conviendra d’aménager le jardin de façon à encourager le lien social.

Jardin thérapeutique unité Alzheimer: l’enrichissement thérapeutique

En fonction du stade d’évolution des pathologies neuro-cognitives, il importe d’adapter les modules d’enrichissement. Ce qui conviendra à des patients à un stade avancé, ne fonctionnera plus à un stade sévère.

Les principales cibles thérapeutiques envisagées concerneront :

  • pertes cognitifs
  • les troubles du comportement
  • dépression et estime de soi
  • l’autonomie fonctionnelle

Nos équipes poursuivent leurs efforts de recherche de solutions pertinentes pour prendre en charge ces différents objectifs.

Le jardin présenté par O Ubi Campi à l’occasion de la finale du Concours du Carré des Jardiniers à Lyon en décembre 2017 rassemblait de nombreux modules adaptés pour des Unités « Alzheimer ».

Jardin thérapeutique en unité Alzheimer

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Jardin thérapeutique en EHPAD

En gériatrie, le jardin peut devenir un véritable outil de bien-être et de soins. Le jardin thérapeutique en EHPAD a démontré son efficacité sur la perte d’autonomie fonctionnelle, les troubles cognitifs et du comportement

Le jardin thérapeutique en EHPAD doit révéler de nombreux défis. Solliciter des personnes âgées en perte d’autonomie à le fréquenter malgré leur fragilité, favoriser l’appropriation du jardin par le résident, amplifier sa stimulation sensorielle et enrichir l’espace de missions thérapeutiques multiples.

L’invitation permanente

Le défi relevé avec succès par O Ubi Campi a consisté à concevoir un jardin thérapeutique qui soit régulièrement fréquenté par un grand nombre de résidents en EHPAD. Le jardin se doit d’être un espace où la sécurité et l’ergonomie sont parfaitement adaptées aux fragilités et à la vulnérabilité des résidents. Ces exigences couvrent autant le choix de la palette végétale éliminant des essences toxiques ou allergènes, la protection des zones à risques (étang, cours d’eau, ravins, escarpement…), la prévention des fugues, la nature du revêtement des allées, le choix des matériaux etc.

Pour encourager la fréquentation du jardin, il est important d’en ajuster l’architecture, la répartition spatiale, la signalétique, l’esthétique des massifs ornementaux qui doivent apporter une variation visuelle au rythme des saisons. Notre expérience de 10 années, nos évaluations statistiques ont permis d’identifier les solutions favorisant la plus grande fréquentation.

L’appropriation du jardin enrichi par le sujet âgé

L’appropriation du jardin est un objectif clé de notre engagement. Depuis la conception qui est menée avec une approche de co-construction, jusqu’à l’animation au quotidien, le résident est régulièrement impliqué. Adapter l’espace afin que le résident de spectateur passif devienne progressivement acteur du jardin thérapeutique, nécessite une attention particulière.  L’intimité et la bienveillance, l’harmonie et l’ergonomie combinées ont permis progressivement d’augmenter le temps de séjour du résident en autonomie dans le jardin. Il établit une relation personnelle avec le lieu, alternant entre le ludique, la curiosité, le bien-être et l’apaisement.

Jardin thérapeutique en EHPAD

Chaque détail a été évalué pour se placer à sa portée:  l’évolution du végétal au rythme des saisons, la disposition des points de repos, la distribution des couleurs, l’ombre et la fraîcheur au cours de l’été.

Cette appropriation est mesurée suivant des grilles de lecture qui facilitent l’amélioration continue.

Jardin thérapeutique en EHPAD: L’amplification de la stimulation sensorielle

Ce que l’on perçoit dans un jardin, n’est plus reçu aussi pleinement lorsque l’on souffre de pertes auditives, olfactives, visuelles ou gustatives. L’utilisation de simulateurs de vieillissement a permis à notre bureau d’études de revoir complètement les règles qui présidaient à la conception habituelle d’un jardin.

Les profils de la végétation, les contrastes, l’organisation spatiale, les émissions sonores, le choix, la séparation et la hauteur des plantes aromatiques ont été revus afin de permettre aux résidents d’en percevoir les nuances.

La valorisation de cette sensorialité permettra à chacun d’entrer en connexion avec l’esprit du lieu, d’être en empathie avec son environnement et de favoriser le lâcher prise.

Jardin thérapeutique en EHPAD: les missions

En fonction du poids des différentes pathologies et troubles observés parmi  la population de l’établissement, il sera possible d’orienter les axes thérapeutiques prioritaires à mettre en oeuvre dans le jardin. L’expertise d’O Ubi Campi  s’est construite en travaillant particulièrement auprès de patients atteints de la maladie d’Alzheimer ou troubles associés (MATA).

Une démarche fondée sur la validation par la preuve a guidé nos travaux de recherches. La conduite d’essais cliniques longitudinales et contrôlées a permis de faire progresser la perception du potentiel thérapeutique du jardin lorsqu’il est correctement enrichi.

C’est ainsi que nous avons conçu des modules thérapeutiques différents suivant qu’il s’agissait de prendre en charge des troubles du sommeil, des troubles cognitifs, du comportement, de l’humeur, mais aussi la marche et l’équilibre, la prévention des chutes ou la perte d’autonomie fonctionnelle.

O Ubi Campi se propose d’accompagner les EHPAD disposant d’un jardin thérapeutique par un protocole d’évaluation personnalisé qui permet d’en apprécier l’efficacité. Ce protocole de plus va fédérer l’attention et l’appropriation du jardin par les résidents, les soignants, les aidants et les familles.

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