L’appropriation du jardin : un enjeu

Appropriation de l’espace public

Aucune publication s’intéressant au concept et au processus d’appropriation de son environnement par un résident en EHPAD n’a été identifiée. Pourtant, il s’agit pourtant d’un enjeu dès lors que l’environnement est considéré comme un facteur déterminant pour la qualité de vie et la santé du résident. Plusieurs modèles ont contribué à décrire le processus d’appropriation d’un espace public et les facteurs qui y participent. On citera notamment les travaux de GN Fischer (1975) ou de Ripoli & Veschambre (2005).

Et ainsi que le souligne K Popper ou R Boudon, chaque individu n’abordera pas l’appropriation dans une dynamique collective. Mais à l’issue d’un processus personnel et individuel. Son mode d’appropriation d’un jardin enrichi définira son rythme de fréquentation et la nature des interactions qu’il établira avec l’espace.

Notre travail permet de caractériser les modes d’appropriation à travers les interactions qu’ils établissent avec le jardin. Ce travail innovant dans le jardin est également riche d’enseignements sur les interactions qu’établissent une personne âgée en institution avec son environnement. Egalement, Il conviendra de mettre en relation ce processus avec celui décrit par GN Fischer, Ripoli et Veschambre dans l’espace public.

L’appropriation définit donc la capacité d’interaction du visiteur d’un espace public à entrer en interaction avec le lieu. Cette dimension a été largement explorée dans des espaces publics tels que des places, des quartiers, des parcs par des travaux de sociologues associés à des urbanistes.

Modèle Ripoli & Veschambre adapté de l’appropriation de l’espace public

 

Il n’y a pas à notre connaissance de travaux publiés  sur l’appropriation du patient ou du résident en institution médico-sociale avec son environnement.

Appropriation du jardin thérapeutique enrichi

Cette notion nécessite d’examiner  le processus par lequel se passe cette appropriation de l’environnement. Il évaluera  les facteurs qui favorisent cette appropriation. Mais aussi,les étapes par lesquelles se passe cette appropriation. Il vérifiera si le modèle décrit dans l’espace public est transférable à un résident dans un établissement médico-social?

Cette étude sera riche d’enseignement sur la notion de chez-soi, souvent revendiquée par les EHPAD et cependant mal décrite.

Ainsi, cette notion sera appréhendée au travers d’une série d’études qualitatives conduites en 2022 à l’hôpital et différents EHPAD. Il permettra de décrire ce processus d’appropriation perçu par les professionnels de santé, les résidents et les familles. Il servira de socle à des travaux destinés à améliorer le sentiment de chez soi aussi bien au niveau du jardin que de l’environnement de l’EHPAD en général.

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Communication sur les jardins thérapeutiques enrichis

Congrès Alzheimer Décembre 2021

Le Congrès Alzheimer

Les 8 et 9 décembre 2021 s’est tenu le Congrès des Unités de Soins, d’évaluation et de prise en charge de la maladie d’Alzheimer au Palais des Congrès d’Issy les Moulineaux

Une communication a été faite sur les travaux de recherche conduits sur les jardins enrichis à l’hôpital Charles Foix (Groupe Pitié Salpêtrière – Ivry sur Seine)

Les bienfaits des jardins enrichis pour les résidents d’EHPAD ayant une maladie d’Alzheimer : un essai contrôlé

 

But :

La démence est un problème majeur dans le monde, et des efforts considérables ont été faits pour concevoir des outils de médiation thérapeutique et évaluer leurs bénéfices sur la santé des patients. Le but de cette étude consiste à évaluer les effets de la fréquentation d’un jardin enrichi sur les capacités cognitives, l’indépendance et le risque de chutes de patients atteints de la maladie d’Alzheimer à un stade avancé.

Méthode :

Il s’agit d’un essai pilote multicentrique contrôlé non randomisé par grappes mené dans 4 établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD). Elles disposaient de deux jardins, un jardin sensoriel conventionnel (JSC) et un jardin enrichi (JE) avec des accès séparés. Le concept de jardin enrichi a été développé à l’issue d’une démarche de recherche translationnelle inspirée par les travaux de D Hebb sur l’environnement enrichi. Celui a démontré qu’un environnement enrichi améliorait les capacités cognitives de populations de souris résultant d’un développement du cortex cérébral.
Les participants étaient des résidents atteints de démence, capables de marcher sans aide humaine, et sans démence sévère ni troubles du comportement. Les résidents éligibles ont été répartis en 3 groupes en fonction de la proximité de leur chambre avec les jardins : un groupe proche des jardins JSC ou JE pour les 2premiers groupes et plus éloignés des jardins pour le troisième groupe (contrôle).
Nous avons demandé aux professionnels de santé de solliciter régulièrement fréquemment les résidents à se rendre dans les JE ou du JSC en fonction de leur groupe. Aucune invitation aux jardins n’a été faite aux résidents du groupe contrôle. Dans chaque JE, nous avons installé 12 modules d’enrichissement qui stimulaient les fonctions cognitives, l’indépendance et la marche/équilibre. L’évaluation a porté sur les fonctions cognitives globales (MMSE), l’indépendance pour les activités de la vie quotidienne (ADL) et le risque de chutes (test de station unipodale et Timed up and go ou TUG) et a été réalisée à l’inclusion et après 6 mois.

Résultats

Les 120 participants étaient âgés de 81-0 ± 3-5 ans et comprenaient 83 femmes. Leur score MMSE était de 17-5 ± 2-9. Les caractéristiques des patients n’étaient pas significativement différentes entre les trois groupes. Parmi les participants du groupe JE, l’évolution à 6 mois du MMSE a montré une amélioration par rapport aux autres groupes (+ 0-93 ± 0-65 vs -0-25 ± 0-71 et -0-24 ± 0-73 dans les groupes JE vs JSC et contrôle, respectivement, P < 0-0001). De même, l’évolution de l’ADL, le TUG et la station unipodale a montré une amélioration significative dans le groupe ayant visité le JE par rapport aux autres groupes, ce qui indique un effet positif encourageant sur les principaux marqueurs de santé.

Discussion

Alors que les résidents fréquentant le JSC ne présentent pas de bilan amélioré par rapport au groupe contrôle, cette étude pilote présente des perspectives encourageantes de médiation thérapeutique par le concept de jardin enrichi pour des résidents en EHPAD atteints de démence. Il reste à mieux comprendre quel rythme de fréquentation et comment l’appropriation du JE par le résident opère. Cela peut permettre à ce concept innovant de prendre une véritable place dans le soin du patient Alzheimer en institution

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Accéder à un jardin thérapeutique enrichi

Jardin thérapeutique enrichi et le confinement

En cette période inédite liée à l’épidémie du virus  SARS-CoV-2, le confinement des établissements médico-sociaux et l’impossibilité de visites par les proches a généré un impact important notamment sur les troubles du comportement des résidents en EHPAD.

Le contexte anxiogène a créé une situation très particulière dans les EHPAD et au-delà du décompte quotidien des victimes d’infections virales, des effets indirects ont pu être observés par les soignants, en particulier une amplification des troubles du comportement: troubles anxieux, agitation, apathie, voire état dépressifs et syndrome de glissement.

Ces observations visibles à l’hôpital se sont trouvées amplifiées dans le contexte des EHPAD, où les séjours longues durées, l’absence de contact avec l’extérieur ont mobilisés les professionnels qui ont fait preuve d’énergie et de créativité pour accompagner les résidents dans cette période très difficile pour eux. Certains soignants se sont confinés dans les EHPAD se coupant volontairement de leur famille pour offrir pleinement leur solidarité.

Une étude qualitative sur l’impact du confinement sur les troubles du comportement

Nous avons en parallèle initié une étude observationnelle descriptive pour mesurer ces effets et en apprécier l’ampleur. L’ensemble des résultats n’a pas encore été traité, mais il ressort déjà très nettement que la présence d’un jardin thérapeutique enrichi a permis d’une part d’offrir un ballon d’oxygène pour les résidents et les soignants – d’autant que les conditions météorologiques étaient particulièrement propices – mais aussi a permis d’atténuer de façon significative l’amplification des troubles du comportement observés.

Sur 45 EHPAD objets de l’étude, le principe du confinement strict en chambre, lors de la première vague de Covid, a été rapidement dans 35 établissements. Ceci afin de tenir compte du retentissement observé sur les troubles cognitifs, les troubles du comportement et l’indépendance fonctionnelle des résidents. Ces aménagements initiés souvent pour permettre aux fumeurs de sortir de leur chambre, ont été rapidement étendus à une majorité de résidents en particulier, ceux qui pouvaient circuler en autonomie.

La fréquentation d’un jardin thérapeutique enrichi a réduit la gravité de ces troubles

D’une manière générale, il a été observé une amplification de 25 à 30% de la prévalence et de la gravité des troubles du comportement. Cependant, les établissements qui disposaient déjà d’un jardin enrichi, en ont ouvert la fréquentation par petits groupes à l’ensemble des résidents valides ou accompagnés par des soignants. Lorsque ces jardins thérapeutiques avaient été enrichis spécifiquement pour prendre en charge les troubles du comportement, il a été noté une ampleur moindre du développement de ces troubles. Par ailleurs, ceux qui ont développé des troubles anxieux ont retrouvé beaucoup plus rapidement un état stable après la levée des mesures de confinement début juin 2020.

Une analyse de l’ensemble des donnée recueillies est actuellement en cours et sera publiée sur ce site en comparant l’évolution de l’humeur et de l’agitation des résidents au cours des différents phases de la crise sanitaire jusqu’à les restaurations des conditions normales de visite par les familles.

Une étude complète publiée prochainement

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la 1ère plateforme de recherche en Europe sur les Jardins thérapeutiques enrichis

Jardin Laboratoire à l’Hôpital Charles Foix

Le programme de recherches développé en partenariat avec l’Hôpital Charles Foix (APHP) vient de recevoir le soutien de la Fondation Lemarchand, de la Région Ile de France et de l’APHP. Cet engagement nous permet d’approfondir et de prolonger nos efforts en faveur des patients en milieu hospitalier.

La 1ère plateforme de recherche sur les jardins thérapeutiques enrichis en Europe

Ce projet permettra d’explorer l’intérêt de jardins enrichis et de ses composants chez des malades âgés présentant des maladies neuropsychogériatriques (maladie d’Alzheimer, dépression, maladies cérébrovasculaires). Cette installation au sein d’un hôpital gériatrique correspond à une approche de type LivingLab: avec l’intégration de dispositifs technologiques permettant le traçage des patients et leurs interactions avec des stations expérimentales. Nous avons développé le concept de jardin enrichi pour combiner les effets positifs de la stimulation cognitive et sensorielle (SCS) et ceux liés à la fréquentation de jardins en plein air. Le jardin enrichi est conçu pour être utilisé de façon autonome par des patients capables de se déplacer sans aide humaine.

 

Le projet de recherche comporte une partie centrée sur les patients, consistant en une étude de design avant-après. Cela permet d’étudier les effets sur plusieurs marqueurs de santé : indépendance fonctionnelle, qualité de vie, symptômes dépressifs, anxiété, risque de chute, fonctions cognitives et troubles du comportement. Les durées de présence au jardin et d’interaction avec les plateformes seront mesurées grâce au port d’un outil connecté. Le projet comporte une étude qualitative par entretiens semi-structurés. Elle sera conduite auprès de patients, de familles et de soignants et visera à comprendre les dynamiques d’appropriation du jardin enrichi.

conception du living lab'

la démarche de conception centrée sur le patient

Les principaux objectifs de la recherche :

  • Développer de l’expertise et de la compétence sur la valorisation du jardin enrichi en institution médico-sociale
  1. Favoriser et renforcer la fréquentation du jardin
  2. Faciliter l’appropriation du jardin enrichi par le patient et les aidants
  3. Cibler, évaluer et valoriser  et les bénéfices thérapeutiques
  • Valoriser cette expertise pour les patients de l’APHP (Hôpital Charles Foix)
  • Communiquer et former les professionnels de santé sur des règles et des bonnes pratiques relativement au jardin enrichi
  1. Publications scientifiques
  2. Séminaires, colloques, conférences
  3. Session de formation intégrée au parcours d’études en gériatrie

La Fondation Lemarchand pour l’Équilibre entre les Hommes et la Terre soutient des projets associatifs. Des projets favorisant le respect, la préservation et l’utilisation durable de la nature. Les modes de vie et comportements, la solidarité sociale intergénérationnelle, la sensibilisation, l’éducation et les activités de plein air sont au cœur de sa mission.

Le soutien apporté par la Fondation Lemarchand constitue un encouragement, une reconnaissance et une aide importante à notre engagement.

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Jardin enrichi à Cunlhat

Jardin thérapeutique à l’EHPAD de Cunlhat (Puy de Dôme)

Un jardin thérapeutique enrichi a été réalisé dans l’EHPAD des Mille Sourires et ouvert à la fréquentation libre des résidents, des familles et des professionnels de santé.C’est grâce à la perspicacité et l’implication de son directeur M Julien Blot que ce jardin a pu voir le jour. Sa conception innovante a intégré un enrichissement spécifique visant le renforcement du lien social et l’indépendance fonctionnelle.
Des expériences heureuses ont modelé notre regard sur une forme de nature, sur cette nature apprivoisée, domestiquée par l’homme. Cette intimité pour ceux qui la connaissent et la pratiquent, facilitent une communion quasi-instantanée à chaque fois que l’on rentre en contact avec elle.

les enjeux du jardin thérapeutique enrichi

Le jardin enrichi est un espace extérieur aménagé dans des limites éventuellement définies par une clôture, pour lequel la végétation a été enrichie de de modules spécifiquement conçus et choisis afin de favoriser la fréquentation, l’appropriation, le bien-être et les marqueurs de santé des personnes qui le fréquentent. A l’inverse de la conception d’un jardin traditionnel qui se fonde sur l’adaptation à l’environnement, celle du jardin enrichi est fondée sur l’humain et la (ou les) pathologie(s), le (ou les) troubles dont il est atteint afin d’y apporter une médiation bénéfique.

des actions de recherche et de formation

Les travaux exécutés par l’Agence de Vichy à l’EHPAD des Mille Sourires à Cunlhat dans le Puy de Dôme devraient se terminer avant l’hiver. Le printemps prochain permettra d’ouvrir plus largement le jardin aux résidents et aux familles, dans un établissement qui s’investit pour la qualité de vie des résidents et où les sourires ont été  longtemps dissimulés derrière des masques avec la crise sanitaire du SARS Cov 2.

 

O Ubi Campi accompagnera les équipes des soignants dans des programmes de formation et d’évaluation.

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Vivre heureux avec Alzheimer

Vivre heureux avec Alzheimer : Témoignage

Un témoignage qui bouleverse notre perception de la maladie d’Alzheimer et de notre relation avec cette maladie
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